Dix jours après son élection à la tête de l’Église catholique, le pape Léon XIV a célébré sa première messe publique sur la place Saint-Pierre, en présence de 150 000 fidèles, de chefs d’État, et de nombreux responsables religieux venus du monde entier.
Devant un parterre impressionnant composé de 200 cardinaux, 750 évêques et représentants des Églises chrétiennes, le premier pape américain a délivré un message empreint de simplicité, de spiritualité et de profondeur, plaçant son pontificat sous le signe de l’unité, de la charité et de la justice sociale.
« J’ai été choisi sans aucun mérite, et avec crainte et tremblement, je viens à vous comme un frère qui veut se faire le serviteur de votre foi et de votre joie, en marchant avec vous sur le chemin de l’amour de Dieu, qui veut que nous soyons tous unis en une seule famille », a déclaré Léon XIV, visiblement ému, depuis le parvis de la basilique Saint-Pierre.
Unité chrétienne et fraternité universelle
Dans une ambiance solennelle, la célébration eucharistique s’est déroulée autour de l’autel installé en extérieur. La présence remarquable de hauts représentants des Églises orthodoxes et protestantes a souligné l’engagement œcuménique du nouveau souverain pontife. Parmi eux, le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée, les patriarches orthodoxes d’Alexandrie et de Jérusalem, ainsi que des délégués des patriarcats serbe, roumain, bulgare et géorgien.
Dans son homélie, le pape a lancé un appel fort à la réconciliation, dénonçant « la discorde, les blessures causées par la haine, la violence, les préjugés et la peur de l’autre », ainsi qu’un système économique injuste qui « exploite la Terre et marginalise les plus pauvres ».
Une inspiration sociale assumée
Ce message s’inscrit dans la continuité du choix de son nom de règne : Léon XIV, en hommage à Léon XIII (1878-1903), pape visionnaire et artisan de la doctrine sociale de l’Église, qui dénonça l’exploitation des ouvriers à la fin du XIXe siècle. Léon XIV, qui a vécu vingt ans dans une région défavorisée du Pérou, entend faire de la justice sociale, de la solidarité et de la proximité avec les pauvres les piliers de son action pastorale.
Il a notamment évoqué l’épisode biblique du lac de Tibériade, où le Christ ressuscité interroge Pierre : « M’aimes-tu ? »
« La véritable autorité est la charité du Christ. Il ne s’agit jamais d’emprisonner les autres par la domination, la propagande religieuse ou les moyens du pouvoir. Il s’agit toujours, et uniquement, d’aimer comme Jésus l’a fait. C’est l’heure de l’amour ! », a-t-il proclamé.
Une Église missionnaire, ouverte et humble
Léon XIV a également esquissé sa vision d’une Église missionnaire, ouverte sur le monde et sur les autres cultures :
« Tel est l’esprit missionnaire qui doit nous animer : ne pas nous enfermer dans nos petits groupes, ni nous sentir supérieurs au monde. Nous sommes appelés à offrir à tous l’amour de Dieu, afin que se réalise cette unité qui n’efface pas les différences, mais les valorise. »
Symboles de sa charge pontificale
Au cours de la messe, le nouveau pape a reçu l’anneau du pêcheur, symbole de sa mission apostolique, ainsi que le pallium, écharpe de laine blanche marquant sa communion avec les évêques du monde. Souriant mais solennel, il a également brandi la férule pontificale – crosse ornée de la croix du Christ – utilisée par Paul VI et Jean-Paul II, soulignant ainsi son inscription dans la continuité de ses prédécesseurs.
Eugène Tristan SAHI
